Wakfu: l'histoire parallèle 2 (partie 1) - Les Carnets 19 abonnés
16. Chapitre 15 32
Le dieu, la brute et la poupée
"Tu as peut-être déjà entendu une version de ce qui va suivre. L'origine des zobals est une ancienne légende transmise de bouche à oreille de zobal, une histoire si vieille que plusieurs détails se sont perdus dans le temps. La version que je vais te raconter est celle que je connais, la plus complète. La vraie."
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Il était une fois une poupée. Une poupée sadida. Cette créature, animée de vie, se réfugia un jour dans une contrée froide et reculée du monde. D'où venait-elle? Que fuyait-elle? Nul ne le sait. Mais ce qui est sûr, c'est qu'elle savait ce qu'elle faisait. Elle s'appelait Dathura.
Dans ses bras, elle tenait un nouveau-né. Un mini poupon. Mignon à première vue, l'enfant n'était pas humain. Ce n'était pas un shushu, pas une poupée, il n'était rien de connu. C'était un braillard, un pleurnichard aux cris si puissants qu'il pouvait provoquer une avalanche avec un simple rototo. Aux yeux de tous, il était un monstre. Mais pour Dathura, cet enfant, comme elle venu de nulle part, méritait de vivre. Il méritait d'être éduqué, il méritait d'être protégé. La poupée s'installa dans une grotte à l'écart des hommes, loin dans la montagne.
La petit garçon grandit. Dathura continua pendant quelques années de le protéger, mais comprit bien vite l'Inutilité de ses actes: personne ne pouvait les retrouver dans cet endroit, pas même Sadida... tant qu'ils n'attiraient pas l'attention. Plus les années passaient, plus l'enfant devenait fort. Dathura, dans sa quête d'éducation, en perdit des bras et des jambes. Fort heureusement, en tant qu'être animé magiquement, elle ne ressentait pas la douleur, et finissait toujours par recoudre ses membres perdus. Avec le temps, le bébé devint plus vieux et plus doux avec sa protectrice, qu'il considérait presque comme sa mère. Mais cela ne changeait rien à sa nature, tapie au plus profond de son âme.
Il était assoiffé de sang! Tel un animal possédant la rage, il tuait à main nue toute créature passant près de la grotte, et mangeait celle-ci parfois même encore vivante! Dathura, qui elle n'avait pas besoin de se nourrir, trouvait ce spectacle atroce, mais même lorsqu'elle essayait de calmer son petit protégé, celui-ci cessait pour une journée en grognant, et recommençait le lendemain. L'enfant voulait du sang frais. Plus de sang frais. Si bien qu'un jour, sans le dire à sa mère, il sortit de son antre pour se diriger vers le monde peuplé, en bas. Et le cauchemar commença.
Les mois qui suivirent ne furent que massacres et barbecues. L'enfant tuait les familles, des plus jeunes aux plus vieux, n'épargnant personne. Certains guerriers tentèrent de le contrer, mais sans succès; il brûla des villages, fit griller leurs habitants, et les dévora avec une petite sauce à l'estragon... Sa folie était aussi grande que son estomac! L'horreur était si grande que les survivants s'enfuirent par la nage, et les villages à proximité se désertèrent. Mais cela ne stoppa pas le démon: continuant sa marche sanguinaire, il tua et dévora de plus en plus loin de son point d'origine.
L'annonce de ce fléau atteignit inévitablement l'oreille des dieux. Les êtres divins se concertèrent, et se mirent en accord pour aller détruire l'enfant ensemble. C'était une décision rarissime, les dieux se mettant rarement à la tâche réunis, ne s'appréciant pas beaucoup entre eux. Mais c'étaient tous leurs disciples qui étaient en danger, il fallait donc se serrer les coudes. Étrangement, Sadida, le dieu-shaman de la nature, se porta volontaire pour régler l'affaire, seul. Iop et Sram maugréèrent, eux voulant aussi faire partie du combat. Sadida insista. Une bataille fut sur le point d'éclater, lorsque Xélor se leva et dit d'un ton grave:
"Le passé, le présent et le futur demandent à ce que l'arbre se débrouille seul."
Ainsi fut-il. Lorsque le maitre du temps parlait, il valait mieux l'écouter. À tout prix. Alors, Sadida se prépara, et se dirigea vers les montagnes froides où l'attendait son ennemi. Mais le monstre n'était pas le but premier du dieu: c'était Dathura! Depuis des années, Sadida cherchait cette poupée, celle-là même qui portait un enfant diabolique. Celle-là même qui, avant de s'enfuir, avait tenté de l'assassiner. Celle-là même qui, malgré les croyances populaires, n'était pas sa création! Mais Sadida n'était pas rancunier; au contraire, il était curieux. Comment avait été créée une telle invocation, qui était complètement différente de toute autre poupée, en plus d'être intelligente et indépendante? À défaut de pouvoir répondre à ses questions, il avait d'abord un problème à régler.
Sitôt arrivé, il attaqua l'enfant, sans lésiner sur les moyens. De gigantesques ronces sortirent du sol gelé de la montagne en craquelant la glace; son ennemi les déchira entre ses dents. La terre se mit à trembler et l'air se chargea de toxines végétales, si nauséabondes qu'on aurait dit que tous les bouftous d'Amakna s'étaient oubliés en même temps; le démon, de son seul souffle, éloigna toutes les vapeurs toxiques. Sadida, à cours de moyens, décida de ne plus faire qu'un avec la nature: il fusionna avec la terre et les plantes, et se transforma en un ent gigantesque, un homme-arbre à la puissance et résistance décuplée. Il mitrailla l'enfant de coups.
Il fusionna avec la terre et les plantes, et se transforma en un ent gigantesque.
Mais le monstre encaissait toutes les attaques sans broncher. Et plus le dieu s'acharnait, plus il était évident que son adversaire était invincible. Ennuyé par le combat, le garçon décida d'en finir. Il ouvrit la bouche et, sans forcer, un immense laser blanc en sortit, frappant de plein fouet Sadida. Le corps du dieu tomba au sol, inerte. L'enfant, satisfait, s'éloigna, le laissant comme mort.
Les plantes sentirent la détresse de leur maitre, et vinrent à son secours, lui donnant leurs énergies. L'homme se remit lentement de ses blessures. Mais il était abattu: comment pouvait-il gagner? C'est alors qu'arriva Dathura. Sadida la regarda sortir de la brume, admirant longuement la chose magnifique qui s'approchait de lui. Puis, il demanda:
"Qui es-tu?
- Je m'appelle Dathura.
- Qui t'a créée?
- Un sadida maitrisant l'eau, l'air, la terre, le feu et le stakfu.
- Celui qui était avec toi? Celui qui a tenté de prendre ma place?
- Non.
- Qui est cet enfant?
La poupée s'agenouilla.
- Arrêtez-le, je vous en supplie! Je ne peux supporter ces massacres!
- Je voudrais bien, mais je n'en suis pas capable. Et tant de questionnements trottent dans ma tête à ton propos...
- Je me mettrai à votre service! Si vous arrêtez mon fils, je répondrai à tout ce que vous voudrez!
- Dans ce cas..."
Sadida observa Dathura en détail, de la tête au pied. Elle avait un aspect vraiment humain... Un sourire se dessina sur son visage; il avait une idée.
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Le vaudouisme est sans contredit l'une des techniques les plus anciennes et les plus ténébreuses de l'histoire sadida. Jadis utilisée par de puissants mages noirs de cette classe, elle était si dangereuse et instable que Sadida lui-même décida d'interdire sa pratique. Les invocateurs de la nature ont tout de même développé, avec le temps, des variantes plus simples et moins périlleuses à utiliser. Le dieu-chaman resta donc le dernier connaisseur de cette magie. Et ce jour-là, il dut aller au-delà de ses propres règles; car si le monstre ne pouvait être tué, il pouvait être neutralisé.
Le principe du vaudouisme repose sur un lien astral entre une poupée et un être vivant. Lorsqu'on le maitrise bien, on peut aller jusqu'à utiliser la poupée pour contrôler le corps de l'autre. Puisant dans les arcanes les plus sombres de sa magie vaudou, Sadida s'attela à la tâche. Il commença par sculpter, dans du bois d'un arbre inconnu, trois masques. De sa propre main, les visages prirent forme: l'un possédait un air neutre, l'autre une trompe et beaucoup de cheveux, et le dernier un rictus vilain et effrayant. Puis, il fabriqua une amulette magique, un cristal créé des minerais les plus profonds de la terre, d'un noir d'encre. Pour compléter le tout, il choisit une grande plaine, et s'y installa.
À l'aide d'un rituel spécial, le dieu se coupa la paume de sa main droit. De la sève commença à couler. Pendant des jours, il traça des lignes sur le sol, utilisant les moindres parcelle de ses pouvoirs pour bien réussir son plan. Lorsqu'il eut terminé, il enterra les masques à des endroits spécifiques, et accrocha le cristal à son cou. Il s'avança vers Dathura, et lui dit:
"Tu sais ce que tu as à faire."
Et il disparut. La poupée, d'un pas lent, se dirigea au centre de la clairière. Elle ferma les yeux, puis attendit. Bientôt, une petite forme se dessina entre les arbres.
"Tu m'as appelé, maman?"
Le démon approcha encore. Dathura écarta ses bras, et serra très fort son enfant.
"Je suis désolée."
Des nuages noirs couvrirent le ciel. Avant que le monstre ne comprenne qu'il était tombé dans un piège, un éclair vert déchira la voute céleste et les frappa tous les deux. Les lignes sur le sol s'illuminèrent sur le coup, et une lumière éclatante emprisonna la poupée et le garçon, les éloignant de quelques mètres l'un de l'autre. Ils se mirent à léviter. L'enfant grognait, criait, se débattait, donnait des coups dans le vide, mais c'était inutile: il était prisonnier. Dathura laissa tomber une larme.
C'est alors que Sadida sortit de la terre. Il se propulsa dans les airs, et se mit lui aussi à flotter jusqu'à se positionner entre les deux. Sur son corps, des peintures tribales formant des motifs étranges luisaient un peu. Une aura d'un vert vif l'entourait. Il se tourna vers Dathura. L'homme plaça ses mains en triangle, et la poupée commença à trembler de tout son corps. Le dieu suait; quelque chose lui offrait de la résistance. Il regarda par-dessus son épaule: c'était l'enfant! Il tentait de protéger sa mère! Redoublant d'effort, Sadida se concentra, se concentra toujours plus... On entendit un craquement, et Dathura cessa de bouger. Rapide comme l'éclair, le dieu absorba l'énergie négative et la lança derrière lui, frappant le monstre en plein cœur.
Le chaman leva un bras. Les trois masques sortirent du sol à leur tour, et se mirent à tournoyer autour de l'enfant. Il ferma son poing; le démon explosa de toutes parts. L'âme du fléau se scinda en morceaux, et Sadida enferma ses trois parts dans les masques. Un rayon noir fusa de son collier, pour aller ricocher sur les visages. Finalement, son rituel accompli et le démon scellé par son amulette magique, Sadida se laissa tomber dans l'herbe. Il était épuisé, il était mortifié, mais il était content: il avait réussi! Il jeta un coup d’œil à son cristal: il était devenu blanc, signe que le sceau était bien en place.
L'homme se déplaça ensuite vers Dathura, qui était maintenant sans vie, étendue sur le dos. Il ouvrit son torse pour constater l'ampleur des dégâts. Quelle ne fut pas sa surprise de remarquer que le cœur de la poupée était fait d'ogrine pure! Et en plus, c'était ce cœur en question qui avait craqué, la tuant en même temps. Sadida réfléchit; il ne pouvait pas maitriser l'ogrine, encore moins en trouver, tant cette forme de magie solide était rare. Mais qui pouvait bien être celui qui a réussi le prodige que de créer une telle chose?
Il ne pouvait pas maitriser l'ogrine, encore moins en trouver, tant cette forme de magie solide était rare.
Il décida de garder Dathura. Un jour, il le savait, il découvrirait quelqu'un qui pourra la réparer, et ce jour il aura les réponses à ses questions.
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"Je ne vois pas le rapport avec les zobals... remarqua Andy.
- J'y arrivait, répondit Elulip. Sadida cacha l'amulette et les masques dans la grotte où le monstre avait passé son enfance. Mais il ne pouvait pas laisser ce sanctuaire sans gardien; en effet, malgré son corps mutilé et son âme écartelée, l'enfant vivait toujours tapis au fond des masques. Le dieu des broussailles se coupa alors une touffe de ses propres poils, et la transforma en un YeCh'Ti.
- Mais les zobals?
- Relaxe, jeune impertinent! Laisse-moi continuer. On raconte qu'à force de se cailler les orteils tout seul dans sa grotte, la bête à poils finit par s'ennuyer. On dit aussi qu'un jour elle rencontra un forgeron qui s'était égaré dans la montagne. Que les masques et l'amulette changèrent de mains. Qu'avec le temps, ils se dispersèrent. Et même que de nouveaux masques furent sculptés, grâce aux pouvoirs de l'amulette. Pourquoi et comment? Mystère... Ce qui est sûr, en revanche, c'est qu'une véritable communauté de porteurs de masques se forma sous la bénédiction de Sadida.
- Les zobals! s’enthousiasma Andy.
La zobale ne put s'empêcher de sourire.
- Tu te demandes sûrement pourquoi je te raconte ça... dit-elle mystérieusement.
- Oui, un peu. Pourquoi?
- Car une prophétie raconte que si tous les masques venaient à être réunis, le monstre réapparaitrait...
Elle fit une pause et fixa le garçon dans les yeux.
- ... À l'âge adulte, cette fois!" Page précédentePage suivanteDerniére modification le 29/10/12 é 09:42 Liste des principales mises é jour : 13/10/12 - Finition des 20 chapitres
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doflix va voir mon profil (mis a jour :O ...depuis le temps que je devais x'D)
Autant de succès notre petit sans classe apparente :p
Et ouai j'ai déja lu le BG officiel quand j'avais rien a faire et a 85% le texte de Cegy reste fidel a la base
o.O pleins de nouveaux dans l'equipe de recherche? Binvenu(e)s les filles/gars *mode leche botte [ON]*